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LA GRÈCE SAUVÉE.

S’élancent tout armés sur la plage voisine :
La plage a retenti sous leur rapide essor.
L’albâtre de leur cou s’ornait d’un collier d’or,
Et d’éclatants tissus, par bandes séparées,
Peignaient leurs vêtements de couleurs bigarrées.
On aime à contempler leur port audacieux,
Leur blonde chevelure et l’azur de leurs yeux.
Le chef qui les commande est chargé d’un long âge ;
Vêtu comme les Grecs, il en a le langage.
Conduit vers Thémistocle, il lui tient ce discours :

 « Je m’appelle Protès ; je vole à ton secours.
« Je fus roi dans Phocée, et quand, de sa puissance,
« L’orgueilleux Darius accabla ma vaillance,
« Je triomphai de lui jusque dans mes revers ;
« Phocée avec ses Dieux me suivit sur les mers,
« Et par un noble exil évita l’esclavage.
« Mes Pénates, errant de rivage en rivage,
« Dans l’île de Cymus implorant des abris,
« D’abord ont eu l’espoir d’y cacher leurs débris.
« J’y cherchai le repos : j’y rencontrai la haine.
« L’olivier dans la main, nous abordions à peine,
« Quand un peuple ennemi, s’armant de toutes parts,
« Dirigea contre nous ses flèches et ses dards.
« Cette île ne contient que des hordes sauvages,
« Qui vont au bord des mers épier les naufrages.
« Malheur à l’étranger qui tombe dans leurs mains !
« Son sang rougit l’autel de leurs Dieux inhumains.
« Je les calmai pourtant, j’invoquai l’harmonie,
« Je crus que le pouvoir des Muses d’Ionie,