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ŒUVRES DE FONTANES.

« Que l’art de Triptolême et ses grains nourriciers,
« Adouciraient les mœurs de ces hommes grossiers.
« Tous mes soins furent vains : je partis, et Neptune
« Sur un bord moins funeste accueillit ma fortune ;
« La Gaule me reçut, et bientôt près de moi
« Je vis un peuple aimable accourir sans effroi.
« Quels étaient ses transports ! Une foule empressée
« Admirait dans mes mains les trésors de Phocée,
« Ces instruments des arts qui doublent nos travaux,
« La scie aux dents de fer, et la hache, et la faux.
« L’œil des femmes surtout contemplait ces parures,
« Ces voiles, ces tissus, et ces riches ceintures,
« Qui, dans les jours de fête, à l’autel de Cérès,
« Des filles d’Ionie augmentent les attraits.
« Leur accueil me toucha, leur pays sut me plaire ;
« J’adorai de ces lieux la nymphe tutélaire,
« J’y bâtis une ville et Marseille est son nom.
« Après qu’il eut vaincu le triple Géryon,
« Hercule visita cette heureuse contrée,
« Et là, près d’un beau fleuve une nymphe égarée,
« Blanche comme le cygne, ornement de ces flots,
« S’offrit, un arc en main, aux regards du héros.
« Sous le secret abri d’une grotte profonde
« L’hymen les rapprocha pour la gloire du monde ;
« Un oracle avait dit que de leur sang fameux
« Un grand peuple naîtrait, brave et tendre comme eux
« Galatès fut leur fils : aux attraits de sa mère
« Il réunit bientôt la valeur de son père,
« Et devint à son tour le père des Gaulois.
« Lorsque, de mers en mers, la Déesse aux cent voix