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LETTRE

rière littéraire ; il me releva le cœur par ces stances empreintes des félicités de l’êcole antique :

Le Tasse errant de ville en ville, etc.

J’ai adressé à M. de Fontanes ma Lettre sur Rome, j’ai parlé de lui dans mon Essai sur la Littérature anglaise ; j’avais auparavant fait entendre mes regrets, lorsque la nouvelle inopinnée de sa mort me vint frapper à Berlin. Dans mes Mémoires, je me suis étendu avec effusion sur l’existence intime de mon ami : mais voyez ma peine, Madame ; aujourd’hui des engagements me lient à la société honorable devenue propriétaire de mes ouvrages posthumes et de mes ouvrages inédits. Je ne pourrais rien publier d’une certaine étendue, qui n’appartînt à cette société. Je me trouve donc dans l’impossibilité de rédiger la notice de l’édition des œuvres de M. de Fontanes.

Une chose sert à me consoler, M. de Sainte-Beuve vous prête son secours : son talent fin et varié, par une condescendance charmante et une rare souplesse, s’applique, comme il lui plaît, au talent des autres, leur prête ou sait en tirer des grâces qu’on n’avait pas aperçues. Ce génie merveilleusement doué, jugera, choisira, classera avec habileté et délicatesse, une prose et des vers qu’on reconnaît pour jumeaux à leurs beautés fraternelles. L’article de M. Roger (Biographie universelle) ne laisse rien à désirer touchant la vie de mon ami : on ne saurait ni mieux faire, ni mieux dire.

M. de Fontanes, revenant parmi les doctes Fées, fera événement, si dans ce temps-ci quelque chose fait événement ; il causera du moins, sur le Parnasse moderne, ce scandale que produit l’apparition d’un homme sobre au milieu d’une