Aller au contenu

Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/512

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
385
POÉSIES DIVERSES.

D’un peuple ami des arts ils étaient entourés.

 Mais nous, qui lentement par leur goût éclairés,
Chez des peuples nouveaux et sourds à l’harmonie,
Chantons sous un soleil moins propice au génie,
Où pouvons-nous chercher, trouver le feu divin ?
C’en est fait : aujourd’hui, le sublime écrivain,
Dédaigné par les rois, méconnu du vulgaire,
Parle au milieu du monde une langue étrangère.
Il ne voit près de lui, dans la société,
Que des faits sans éclat, des mœurs sans majesté ;
Et l’inspiration que cherche le poëte
Ne l’attend désormais qu’au fond de la retraite.
J’ai vu, dans les vallons des heureux Andelys,
Par les pas de Corneille autrefois ennoblis,
L’asile où ce grand homme évoquait sur la scène
De sa Rome au tombeau l’ombre républicaine.
Là, dans le fond d’un bois, sous un toit retiré,
De ses fils, de son frère il vivait adoré,
Et plein de ces vertus que son pinceau retrace,
Tranquille il reposait comme le vieil Horace :
Son âme s’élevait dans cet obscur séjour.
Cependant son rival, au milieu de la cour,
Moins fier que mesuré, plus noble qu’énergique,
Amollissait les tons de la Muse trafique.
C’est lorsqu’abandonnant et Versaille et Paris,
D’Athène et de Sol me il fouillait les débris,
C’est en interrogeant David, Sophocle, Homère.
Que Racine étendit son goût pur et sévère,
Qu’il montra plus de force, et n’en fut pas moins doux ;