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M. DE FONTANES

 Faut-il offrir toujours, sur la scène épuisée,
 Des tragiques douleurs la pompe trop usée ?
 Des sentiers moins battus s’ouvrent devant nos pas[1]


Mais nul poëte depuis n’a tenté ces hauts sentiers, et les descriptifs moins que les autres. Cet Essai sur l’Astronomie, qui n’a pas été classé jusqu’ici comme il le mérite, pourrait presque sembler, par sa juste et belle austérité, une critique en exemple, une contre-partie et un contre-poids que Fontanes aurait voulu opposer aux excès et aux abus de l’école envahissante.

Il a laissé du pur descriptif lui-même ; sa Maison rustique (l’ancien Verger refondu) n’est pas autre chose. N’oublions pas

  1. On pourrait aussi croire que le poëte s’est ressouvenu de Manilius, qui exprime la même pensée en maint endroit de son poëme des Astronomiques, et s’y complait particulièrement au début du livre II. Après avoir énuméré les différent genres de poésie, ce successeur, souvent rival, de Lucrèce, ajoute :

    Omne genus rerum doctæ cecinere sorores ;
    Omni ad accessus Heliconis semita trita est,
    Et jam confusi manant de fontibus amnes,
    Nec capiunt haustum turbamque ad nota ruentem :
    Integra quæramus rorantes prata per herbas.


    Pourtant Fotanes semble s’être tenu uniquement à Virgile, à Lucrèce, et n’avoir pas assez prix en considération le poème de Manilius, duquel il eût pu s’inspirer pour agrandir et féconder son Essai. Une fois seulement il s’est rencontré directement avec lui, mais peut-être par identité d’objet plutôt que par imitation :

    Soleil ce fut un jour de l’année éternelle.
    Aux portes du chaos Dieu s’avance et t’appelle :
    Le noir chaos s’ébranle, et, de ses flancs ouverts.
    Tout écumant de feux, tu jaillis dans les airs.
    De sept rayons premiers la tête est couronnée :
    L’antique Nuit recule, et par toi détrônée,
    Craignant de rencontrer ton œil victorieux,
    Te cède la moitié de l’empire des cieux.


    Et Manilius, au livre Ier, passant en revue les différentes origines possibles