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M. DE FONTANES

de justes orbites et répand une piété toute virgilienne à travers les sphères :

Tandis que je me perds en ces rêves profonds,
Peut-être un habitant de Vénus, de Mercure,
De ce globe voisin qui blanchit l’ombre obscure,
Se livre à des transports aussi doux que les miens.
Ah ! si nous rapprochions nos hardis entretiens !
Cherche-t-il quelquefois ce globe de la terre,
Qui, dans l’espace immense, en un point se resserre ?
A-t-il pu soupçonner qu’en ce séjour de pleurs
Rampe un être immortel qu’ont flétri les douleurs ?


Et tout ce qui suit. — Le style, dans le détail, arrive quelquefois à un parlait éclat de vraie peinture, à une expression entière et qui emporte avec elle l’objet : on compte ces vers-là dans notre poésie classique, même dans Racine, qui en offre peut-être un moins grand nombre que Boileau :

Quand la lune arrondie en cercle lumineux
Va, de son frère absent, nous réfléchir les feux,
Il[1] vous dira pourquoi, d’un crèpe enveloppée,
Par l’ombre de la terre elle pâlit frappée.


En terminant cet Essai qui est devenu un chant ou du moins un tableau, le poëte invite de plus hardis que lui à l’étude entière et à la célébration de la nature et des cieux : il se rappelle tout bas ce que Virgile se disait au début du troisième livre des Géorgiques :

Omnia jam vulgata : quis aut Eurysthea durum,
Aut illaudati nescit Busiridis aras ?
Cui non dictus Hylas puer ?.....
..........
...Tentanda via est, quâ me quoque possim
Tollere humo, victorque virum volitare per ora.

  1. Cassini.