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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/103

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ŒUVRES DE FONTANES.

résulte d’un heureux choix d’expressions neuves sans être bizarres, des effets d’une harmonie imitative qui n’affecte pas trop d’effort et de recherche, et même de la richesse des rimes, mérite subalterne sans doute, mais qui fait valoir les autres, en fixant dans l’oreille tout ce que le vers peint à l’esprit, et qui ne fut pas dédaigné par les grands maîtres du siècle passé. D’ailleurs, le génie, en cherchant à vaincre un obstacle nouveau, trouve une beauté de plus : il est contraint de s’arrêter davantage sur ses idées, de les approfondir, d”étudier toutes les ressources de sa langue. Cela est si vrai, qu’on prouverait facilement que les plus beaux vers de Corneille, de Racine, de Boileau, de Voltaire lui-même, qui a négligé trop souvent cet avantage, sont aussi les mieux rimés ; mais une affectation continue de rimes trop fortes et trop marqués donnerait une pesante uniformité à la chute de tous les vers. Il faut imiter dans cette partie, comme dans les autres, l’excellent goût des deux modèles de la versification française, qui font naître une harmonie variée d’un adroit mélange de rimes, tantôt riches, et tantôt exactes. Je reviens à la poésie descriptive : les meilleurs modèles de ce genre sont les cinq premiers chants du Lutrin, et les récits des tragédies de Racine.

Ne crois pas qu’autrefois, en sortant du berceau, etc.


Je doute que les hymnes d’Orphée fusent plus beaux que ce tableau de la société tracé par le poëte anglais : on ne peut rien y comparer que le cinquième chant de Lucrèce, dont j’ai déjà parlé, et ces vues sur la nature, où M. de Buffon a donné tant de magnificence et d’élévation à la langue française.

..........une autre Providence, etc.


Cette expression se trouve dans Montesquieu et dans Massillon,