Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ESSAI SUR L’HOMME.



ÉPÎTRE IV.




 Ô bonheur, dont l’instinct fut créé par Dieu même !
Douceur, plaisir, repos, bien caché, don suprême,
Oh ! quel que soit ton nom, toi que chaque mortel
Rappelle en soupirant comme un bien paternel,
Bonheur ! toi dont l’image est sans fin poursuivie,
Pour qui l’homme supporte et rejette la vie,
Toi qu’on cherche si loin, et qu’on trouve si près
Dont le sage et le fou méconnaissent les traits ;
Plante qui, dans les cieux, as reçu la naissance.
Si Dieu sur notre globe a jeté ta semence,
Dans quel Éden nouveau choisis-tu ton séjour ?
Ouvres-tu ton calice au soleil de la cour ?
Est-ce aux champs des combats que le fer te moissonne ?
Du paisible poëte ornes-tu la couronne ?
Est-ce en des mines d’or que ton germe fleurit ?
Dis quel terrain lui plait, quel terrain le flétrit !
Si nos travaux sont vains, réprimons tout murmure ;
N’accusons point le sol, mais la seule culture.
Le bonheur, qui partout fuit et s’offre à nos yeux.
Nulle part ne se trouve, ou se trouve en tous lieux ;
Libre et jamais vendu, loin des rois qu’il évite,