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ŒUVRES DE FONTANES.

Fuyant vers toi, milord dans ton cœur il habite.

 Du bonheur aux savants demandons les chemins.
L’un dit : Sers tes pareils ! l’autre : Fuis les humains !
L’un prescrit le travail, et l’autre l’indolence.
De leurs opinions vois flotter la balance ;
Un avis disparaît, d’un avis combattu ;
Ceux-ci doutent de tout, même de la vertu.

 Ah ! suivons la nature, et fuyons les systèmes.
Voulons-nous être heureux ? évitons les extrêmes ;
Réprimons de l’orgueil les murmures jaloux :
Ainsi que le bon sens, le bonheur est à tous ;
Il est entre nos mains, et, pour en faire usage,
Que faut-il ? un cœur droit, avec un esprit sage.

 Rappelle les leçons éparses dans mes vers.
Le Ciel vers un seul but fait marcher l’univers ;
Le bonheur d’un mortel se répands sur un autre ;
Nous jouissons du tien, et tu jouis du nôtre ;
Le bien de tous, voilà le grand ordre des cieux.

 L’ermite enseveli dans son autre pieux,
Le vil brigand, le roi fier de son diadème,
Nul ne saurait enfin se suffire à lui-même ;
On se croit misanthrope, on ne l’est qu’à demi ;
L’ennemi des humains cherche encore un ami.
C’est pour être admiré que Timon fuit Athène ;
La gloire veut du bruit, des témoins, une scène ;
Et le bien qu’on partage est aussi le plus doux.