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NOTES


DE LA QUATRIÈME ÉPÎTRE.




Ô bonheur, dont l’instinct fut créé par Dieu même, etc.


Ce début est plein d’imagination et de sensibilité : mais comment Pope oublie-t-il de compter l’amour parmi les passions qui donnent, ou du moins promettent le bonheur ? Il avait sans doute aimé, puisqu’il a si bien peint la tendresse d’Héloïse. Avait-il jugé que les malheurs de l’amour l’empotaient sur ses jouissances ? Était-il détrompé de toutes ses illusions quand il écrivit l’Essai sur l’Homme ? Quelle que soit la raison de ce silence, il a donné à Voltaire le sujet de cet agréable madrigal :

Pope l’Anglais, ce sage si vanté,
Dans sa morale au Parnasse embellie,
Dit que les biens, les seuls biens de la vie,
Sont le repos, l’aisance et la santé.
Il s’est trompé : quoi ? dans l’heureux partage
Des dons du ciel faits à l’humain séjour,
Ce triste Anglais n’a pas compté l’amour ?
Qu’il est à plaindre ! il n’est heureux ni sage.


Cette épitre n’a pas tant d’éclat et de richesse dans le style que la première et la troisième ; elle a moins de profondeur et d’énergie que la seconde. Pope a cru devoir écrire avec simplicité sur le bonheur et la vertu.