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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/163

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ŒUVRES DE FONTANES.

Les dépouilles de la barbarie décorent noblement les funérailles d’un capitaine qui aima les lumières et la liberté. Mais il est encore un hommage plus digne de lui : c’est l’union de la France et de l’Amérique ; c’est le bonheur de l’une et de l’autre ; c’est la pacification des deux mondes. Il me semble que des hauteurs de ce magnifique dôme, Washington crie à toute la France : « Peuple magnanime, qui sais si bien honorer la gloire, j’ai vaincu pour l’indépendance ; mais le bonheur de ma patrie fut le prix de cette victoire. Ne te contente pas d’imiter la première moitié de ma vie : c’est la seconde qui me recommande aux éloges de la postérité. »

Oui, tes conseils seront entendus, ô Washington ! ô guerrier ! ô législateur ! ô citoyen sans reproche ! Celui qui, jeune encore, te surpassa dans les batailles, fermera, comme toi, de ses mains triomphantes, les blessures de la patrie. Bientôt, nous en avons sa volonté pour gage, et son génie guerrier, s’il était malheureusement nécessaire, bientôt l’hymne de la paix retentira dans ce temple de la guerre ; alors le sentiment universel de la joie effacera le souvenir de toutes les injustices et de toutes les oppressions : déjà même les opprimés oublient leurs maux, en se confiant à l’avenir ; les acclamations de tous les siècles accompagneront enfin le héros qui donnera ce bienfait à la France, et au monde qu’elle ébranle depuis trop longtemps.