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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/162

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ÉLOGE DE WASHINGTON.

encore. Si ces guerriers illustres n’ont pas servi la même cause pendant leur vie, la même renommée les réunit quand ils ne sont plus. Les opinions, sujettes aux caprices des peuples et des temps ; les opinions, partie faible et changeante de notre nature. disparaissent avec nous dans le tombeau : mais la gloire et la vertu restent éternellement. C’est par là que les grands hommes de tous les temps et de tous les lieux, deviennent, en quelque sorte, compatriotes et contemporains. Ils ne forment qu’une seule famille, dont les exemples se transmettent et se renouvellent de successeurs en successeurs. Ainsi, dans cette enceinte guerrière, la valeur de Washington mérite les regards de Condé : sa modération appelle ceux de Turenne : sa philosophie le rapproche encore plus de Catinat. Un peuple qui admettrait ce dogme antique et touchant de la transmigration des esprits, dirait sans doute que plus d’une fois l’âme de Catinat est revenue habiter dans celle de Washington

Mais les accents républicains et belliqueux que ces murs répètent de toutes parts, doivent plaire surtout au défenseur de l’Amérique. Pourrait-il ne pas aimer ces soldats qui repoussèrent, à son exemple, les ennemis de leur patrie ? Il s’approche avec plaisir de ces vétérans, dont les nobles cicatrices sont le premier ornement de cette fête, et dont quelques-uns ont peut-être combattu avec lui près des fleuves et dans les forêts de la Caroline et de la Virginie. Il se promène avec joie au milieu de ces drapeaux enlevés sur les barbares de l’Asie et de l’Afrique étonnées de notre audace.