tination. Telle est la cause qui explique l’amertume de certains jugements, peu compatibles en apparence avec les mœurs et l’urbanité nationales.
Madame de Staël avait consacré son premier écrit à la gloire de Rousseau. Cet écrit obtint de justes éloges : on aima jusqu’à l’excès de l’enthousiasme qui se mêlait à ses jugements. L’enthousiasme, en parlant de Rousseau, convenait au sexe de l’auteur et à son âge. Ce n’est ni aux femmes, ni aux jeunes gens, à voir les défauts du peintre de la nouvelle Héloïse et de Sophie. Depuis ce temps, les essais de madame de Staël ne paraissent pas avoir réuni le même nombre de suffrages, soit qu’alors elle écrivit sous de meilleures inspirations, soit que maintenant on la juge avec moins d’équité, comme elle en paraît persuadée. « L’opinion, dit-elle, semble dégager les hommes de tous les devoirs envers une femme à laquelle un esprit supérieur serait reconnu : on peut être ingrat, perfide, méchant envers elle, sans que l’opinion se charge de la venger. N’est-elle pas une femme extraordinaire ? Tout est dit alors, etc. » Il est difficile, après cet anathème, de juger les femmes extraordinaires. Heureusement celui qui écrit n’a jamais eu de rapport avec madame de Staël, et du moins il est à l’abri de tout reproche d’ingratitude et de perfidie.
Le nouveau livre qu’elle donne exigeait les plus vastes études et le goût le plus sûr. Voici son plan ; c’est elle qui parle :
« Je me suis proposé d’examiner quelle est l’in-