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DE LA LITTÉRATURE.

Quand on veut diviniser l’amour et les femmes, quand on demande aux hommes des passions sublimes et des dévouements héroïques, il est inconséquent d’écrire en faveur de ces doctrines qui dessèchent l’âme et l’imagination. Il ne faut pas surtout exalter les sciences aux dépens des beaux-arts, et ne donner, dans l’échelle progressive de l’esprit humain, qu’une place inférieure aux poëtes, pour mieux plaire à ceux qui s’appellent philosophes. Ils étaient poëtes, et non pas géomètres et chimistes, ceux qui firent tomber la terre aux genoux des grâces et de la gloire, de la vertu et de la beauté.

Les détails de cet ouvrage doivent participer aux défauts de l’ensemble. Des jugements opposés et irréfléchis se retrouvent presque dans les mêmes chapitres. Les faits les mieux connus s’oublient ou se dénaturent ; et les témoignages de l’histoire, comme l’autorité des anciennes poétiques, réfutent à chaque instant les opinions de madame de Staël. On est fâché que son imagination ait pris la peine de reproduire et d’embellir les fausses doctrines qui depuis vingt ans se multiplient en France et en Allemagne, au profit de l’envie, de l’ignorance et du mauvais goût. Ce qu’il y a de plus exact dans la partie littéraire, est dû presque entièrement à la rhétorique de Blair, qui s’est montré plus juste et plus sage que d’autres critiques anglais, mais qui est encore très aveugle par les préventions nationales. Quant à la partie politique, elle est empruntée d’un livre intitulé political Justice, par l’Anglais Godwin. Ce livre n’a