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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/177

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ŒUVRES DE FONTANES.

duire tant de controverses, les empires sont menacés des plus terribles fléaux. L’espèce humaine doit être affligée de grandes maladies morales, quand elle ne se confie plus qu’aux remèdes de l’avenir. Tout ce que nous remarquons aujourd’hui n”est pas nouveau. Le docte Varron comptait de son temps, si je ne me trompe, deux cent quatre-vingt-huit opinions sur le souverain bien ; et Varron fut témoin des fureurs de Marius, des proscriptions de Sylla, et des horreurs du triumvirat. Les mêmes recherches occupaient Celsus, Libanius et tous les philosophes dont Julien était le chef et le protecteur. Mais toutes leurs méditations philosophiques ne purent s’opposer aux vices intérieurs, aux causes étrangères qui devaient bientôt détruire le vieux colosse de l’empire romain.

Je sais que le bon sens et l’histoire n’imposent guère à ceux qu’on réfute. Ils dédaignent l’expérience de l’histoire, et regardent le bon sens comme la preuve d’un esprit vulgaire. Ils prétendent exclusivement à la profondeur ; ils accusent tout bon esprit d’être incapable de les entendre ; et rien n’est plus commode pour mettre à couvert leur orgueil et leur infaillibilité. Mais il est temps de leur prouver que cette doctrine, qu’ils croient si profonde, ne fut point celle des philosophes qu’ils admirent le plus eux-mêmes. Elle n’est que l’opinion d’un poëte dont les écrits philosophiques ont assez peu d’importance à leurs yeux, et que madame de Staël caractérise en ces mots : Il n’a fait dans la philosophie qu’accoutumer les hommes à jouer comme les enfants avec ce qu’ils re-