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ŒUVRES DE FONTANES.

jet l’univers ! On crie toujours que le monde dégénère, et on veut encore qu’il se dépeuple ! On a beau dire, l’Europe a plus d’hommes qu’alors, et les hommes valent mieux. » Ce grand poëte a tenu constamment le même langage.

Trente ans après, le marquis de Chastellux développa les mêmes idées dans un livre intitulé : De la Félicité publique. Ce livre, qu’on ne lit plus, fut pourtant très loué de Voltaire, parce qu’il flattait son opinion, combattue alors par Mably et par Rousseau, dont tous les ouvrages accusaient l’esprit philosophique de corrompre les institutions sociales. À cette époque, tous les penseurs, tous les philosophes de profession faisaient un crime à Voltaire de son ingénieuse plaisanterie du Mondain, qui n’est au fond qu’un extrait en vers charmants de tout ce qu’il y a de meilleur dans ces longues théories sur la perfectibilité. Voilà donc tous les sages de ces derniers temps. et le grave philosophe de Kœnigsberg lui-même, qui ont pris quelques saillies de l’imagination brillante de Voltaire pour les vérités les plus profondes, et qui nous répètent de l’air le plus sérieux, et avec la morgue la plus doctorale :

Ô le bon temps que ce siècle de fer !


J’en suis fâché, mais en dernière analyse, c’est tout ce qui reste de leurs raisonnements.

Cette discussion nous a fait passer les bornes des extraits ordinaires ; mais les circonstances la ren-