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DE LA LITTÉRATURE.

que Pyrrhus et les Samnites épousent cette secte pendant qu’ils feront la guerre aux Romains !

Et qu’on ne dise pas que cette haine des Romains pour la philosophie n’était dirigée que contre la doctrine d’Épicure : le vieux Caton ne voulut-il pas renvoyer de Rome Carnéades, Diogène et Critolaüs, trois philosophes grecs députés au sénat, pour qu’ils n’eussent pas le temps d’infecter les esprits de leurs opinions ?

Qui ne sait pas, ou du moins qui ne savait pas, après quelques études bien faites dans le dernier des collèges détruits, que la philosophie avait paru fort tard dans l’ancienne Rome et vers la décadence de la république ? Cicéron se plaint, dans ses traités philosophiques, de ne point trouver de termes dans sa langue pour exprimer des idées très familières aux philosophes de la Grèce.

Mais poursuivons.

La littérature romaine, dit l’auteur, est la seule qui ait commencé par la philosophie. Non, elle a commencé par la poésie, comme toutes les autres. Ennius, Accius et Pacuvius ont précédé tous les philosophes. Cicéron lui-même avait composé le poëme de Marius avant d’enseigner à ses compatriotes tout ce qu’il avait appris dans le lycée, l’académie et le portique.

Les conséquences que tire madame de Staël d’un fait qui n’existe pas, ont la même singularité. Les Romains dans leurs mœurs et leur littérature ont, dit-elle, plus de vraie sensibilité que les Grecs, et