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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/183

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ŒUVRES DE FONTANES.

cela, parce qu’ils ont commencé par la philosophie !

Les Romains ont plus de sensibilité que les Grecs ! Et pourquoi donc, dira tout homme de sens et de goût à madame de Staël, les Romains n’ont-ils jamais réussi dans le genre qui exige le plus de sensibilité, dans la tragédie ? Madame de Staël se fait cette objection, et sa réponse est digne du reste.

« On ne pouvait (c’est elle qui parle) transporter à Rome l’intérêt que trouvaient les Grecs dans les tragédies, dont le sujet était national. Les Romains n’auraient point voulu qu’on représentât sur le théâtre ce qui pouvait tenir à leur histoire, à leurs affections, à leur patrie. Un sentiment religieux consacrait tout ce qui leur était cher. Les Athéniens croyaient aux mêmes dogmes, défendaient aussi leur patrie, aimaient aussi la liberté ; mais ce respect qui agit sur la pensée, qui écarte de l’imagination jusqu’à la possibilité des actions interdites, ce respect qui tient, à quelques égards, de la superstition de l’amour, les Romains seuls l’éprouvaient pour les objets de leur culte. »

Madame de Staël établissait tout à l’heure comme principe un fait qui n’existe pas ; elle contredit maintenant un fait qui existe. Elle va s’en assurer elle-même. On prend la liberté de lui citer Horace, puisqu’elle rapporte souvent le texte des auteurs latins. Horace dit positivement que les Romains ont représenté leurs propres aventures sur le théâtre ; et de plus, il les en félicite :