dans toutes ses lettres à sa fille, parle avec admiration des Essais de Morale, et qu’en écrivant à Pauline, sa petite-fille, elle répète avec cette expression vive et heureuse qui lui appartient : « Si vous n’aime : pas ces solides lectures, votre goût aura toujours les pâles couleurs. » Dans une autre occasion, elle se trouve à Bâville, chez le président de Lamoignon, au milieu le la société la plus polie et la plus éclairée. Quel est celui qu’elle distingue dans ce choix de la bonne compagnie du plus brillant de tous les siècles ? Un homme d’un esprit charmant et d’une facilité fort aimable : je rapporte ses propres expressions. Mais devinez quel est homme ? C’est le P. Bourdaloue.
Certes, quand les traités de Nicole et les conversations de Bourdaloue font les délices des femmes les plus renommées par leur esprit et par leur beauté, les apologistes du christianisme n’ont pas besoin de relever son prix et son éclat aux yeux de l’imagination ; il est facile d’attirer l’attention et le respect, dès qu’on parle d’une doctrine qui fait le fonds habituel des pensées et des sentiments de tout un peuple. Mais, quand cette doctrine, en proie aux dérisions d’un siècle entier, perdit la plus grande partie de son influence, il faut, pour la rétablir, apprendre d’abord au vulgaire que ce qu’on lui peignit comme ridicule, est plein de charme et de majesté. Quand on défigura la religion sous tant d’indignes travestissements, on doit venger sa beauté méconnue, et l’offrir à l’admiration. Lorsqu’on ne cessa de montrer le christianisme comme un culte inepte et barbare qui a longtemps abruti les