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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/253

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ŒUVRES DE FONTANES.

les parties de la terre soumise à son empire. D’aussi belles traditions pouvaient, sans doute, inspirer le poëte, et ce lieu chéri des Muses était, comme on voit, sous l’influence immédiate du Ciel. Des crayons vulgaires ont trop usé, j’en conviens, les images mythologiques ; mais le peintre aimera toujours l’attitude de ce fleuve appuyé sur son urne couronnée de fruits. Et que d’idées morales les anciens savaient attachera ces emblèmes poétiques ! Inachus était un roi bienfaisant, ami de son peuple dont il était aimé. Près d’expirer, il demande aux Dieux de rendre sa mort utile à ses sujets. Les Dieux exaucent sa prière ; ils le changent en fleuve, et, sous cette nouvelle forme, ses eaux versent encore l’abondance au pays dont ses vertus avaient fait le bonheur. De telles fables feront toujours les délices du genre humain. M. de Châteaubriand a trop de sentiment et d’imagination pour briser l’urne d’Inachus, et pour ne pas aimer sa métamorphose.

Quant à la poésie descriptive, les anciens n’en ont jamais fait un genre à part ; ils l’ont sagement mêlée au tissu d’une composition épique ou didactique. Je crois qu’à cet égard ils méritent des éloges et non des reproches. Mais cette question demanderait un article tout entier, et celui-ci est déjà trop long. Au reste, le progrès des sciences naturelles, plus que le christianisme, a dû nécessairement agrandir pour les modernes le spectacle des phénomènes de la nature. Quand le télescope de Galilée et d’Herschel recule les immensités du ciel, il faut bien que l’Olympe s’a-