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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/254

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DU GÉNIE DU CHRISTIANISME.

baisse ; et c’est alors que la Muse de l’épopée, s’égarant avec Newton dans des soleils sans nombre et des mondes sans fin, s’écrie avec un enthousiasme digne de ces nouveaux prodiges :

Par delà tous ces cieux, le Dieu des cieux réside.


Mais, si tout le monde n’aperçoit pas également les beautés poétiques du christianisme, personne ne conteste ses bienfaits, et c’est en les peignant que l’auteur est surtout’admirable. On me saura gré de citer encore la peinture d’un religieux allant annoncer la sentence aux criminels dans les prisons.

« On a vu, dit-il, dans ces actes de dévouement, la sueur tomber à grosses gouttes du front de ces compatissants religieux et mouiller ce froc qu’elle a pour toujours rendu sacré, en dépit des sarcasmes de la philosophie. Eh ! pourtant quel honneur, quel profit revenait-il à ces moines de tant de sacrifices, sinon la dérision du monde ; et les injures même des prisonniers qu’ils consolaient ? Mais du moins les hommes, tout ingrats qu’ils sont, avaient confesse leur nullité dans ces grandes rencontres de la vie, puisqu’ils les avaient abandonnées à la religion, seul véritable secours au dernier degré du malheur. Ô apôtre de Jésus-Christ ! de quelle catastrophe n’étiez-vous point témoin, vous qui auprès du bourreau vous couvriez du sang des misérables, et qui étiez leur dernier ami ! Voici un des plus hauts spectacles de la terre. Aux deux coins de cet échafaud les deux Justices sont en présence, la Justice humaine et la Justice divine ; l’une, implacable et appuyée sur un glaive, est accompagnée du Désespoir ; l’autre, tenant un voile trempé de pleurs, se montre entre la Pitié et l’Espérance. L’une a pour ministre un homme de sang, l’autre un homme de paix ; l’une condamne, l’autre absout. Innocente ou coupable, la première dit à la victime : Meurs ! la seconde lui crie : Fils de l’innocence ou du repentir, montez au Ciel. »

Le lecteur impartial ne trouvera point qu’on ait trop