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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/261

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ŒUVRES DE FONTANES.

que. Les parents, les amis de l’illustre mort, ses plus fidèles serviteurs, tous ceux qui avaient recueilli ses dernières paroles, étaient présents à ses funérailles. Non loin, de vieux soldats, compagnons de ses victoires, pleuraient, appuyés sur ces mêmes armes qui triomphèrent de l’Europe. Au bruit de la cérémonie funèbre, le monde avait suspendu ses spectacles et ses jeux. Les hommes du siècle étaient accourus sous ces voûtes religieuses. Le riche et le pauvre, le sujet et le prince, instruits ensemble à cette école de la mort qui égale toutes les conditions, offraient les mêmes vœux, s’humiliaient dans la même poussière, et, partageant les mêmes craintes et les mêmes espérances, pressaient de leurs genoux les pavés de ce temple couverts d’antiques épitaphes et des promesses d’une vie nouvelle. Les femmes les plus aimables de ces temps fameux, les Thiange, les Montespan, les Sévigné, les La Fayette, et les touchantes Nemours et les belles Montbazon, qui devenaient plus belles et plus touchantes encore[1], écoutaient avec un pieux recueillement, près du sévère Montausier et du vénérable Bourdaloue. Les arts avaient orné de toutes leurs pompes le mausolée qui renfermait les augustes dépouilles. Au-dessus, on croyait voir planer encore l’âme du héros, attentive aux hommages de la France. Du milieu de cette scène imposante, Bossuet, chargé

  1. L’étranger admirait dans cette auguste cour
    Cent filles de héros conduites par l’amour,
    Ces belles Montbazon, ces Nemours si touchantes.

    Voltaire.