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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/262

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SUR THOMAS.

de gloire et d’années, élevait ses accents pathétiques, et tous les cœurs étaient ébranlés. À peine avait-il fait entendre sa voix, que ce temple environné de crêpes semblait devenir plus sombre. Cette voix sublime redoublait la majesté du sanctuaire et les terreurs du tombeau. Tantôt l’homme inspiré contemplait, avec un sombre abattement, le cercueil où tant de gloire était renfermée ; tantôt il se tournait avec confiance vers l’autel de Celui qui promet l’immortalité. Toutes les tristesses de la terre et toutes les joies du ciel se peignaient tour à tour sur son front, dans ses regards, dans sa voix, dans ses gestes, dans tous ses mouvements. En arrachant des larmes aux spectateurs, il pleurait lui-même ; et, sans cesse ému de sentiments contraires, s’enfonçant dans les profondeurs de la mort et dans celles de l’éternité, mêlant les consolations à l’épouvante, il proclamait à la fois le néant et la grandeur de l’homme entre le tombeau prêt à l’engloutir, et le sein d’un Dieu prêt à le recevoir.

Au sortir d’une de ces solennités douloureuses réunissent toutes les espèces d’intérêt, transportez-vous dans la salle d’une académie : on y lit, sans pompe, l’éloge d’un ministre, d’un philosophe, d’un magistrat célèbres, longtemps après leur mort, et devant des spectateurs indifférents. — Il n’y a point là de mausolée, d’autel et de tribune ; des amis éperdus, une famille gémissante n’accompagnent point le fatal cortége. Ce n’est point la patrie et la religion éplorées qui ont rassemblé dans cette enceinte un peuple encore