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SUR THOMAS.

quent le plus à Thomas, je veux dire, la verve et le mouvement.

On est étonné de lire dans l’Essai sur les Éloges que Bossuet manque d’idées toutes les fois qu’il n’est pas soutenu par son sujet. Cette erreur est facile à réfuter. L’oraison funèbre du chancelier Le Tellier est sans doute bien inférieure à celle de la reine d’Angleterre, de madame d’Orléans et du grand Condé. Un tel personnage et les événements de son ministère ne pouvaient élever le génie comme les infortunes de la veuve de Charles Ier et l’héroïsme du vainqueur de Rocroi. Comparez cependant à l’éloge du chancelier Daguesseau, par Thomas, l’oraison funèbre de Le Tellier. Les deux sujets ont plus d’un rapport. Eh bien ! n’est-ce pas Bossuet qui répand le plus d’idées de tout genre sur les études, les mœurs et les devoirs d’un magistrat !

Le panégyriste du comte de Saxe et de Daguesseau surpassa ces deux premiers essais dans l’éloge de Duguay-Trouin. Ce discours est terminé par une prosopopée très oratoire. L’ombre de cet illustre marin, évoquée par l’orateur, se promène tristement au milieu de nos ports déserts, et rappelle aux Français la gloire de ces flottes victorieuses sous qui se courbait autrefois l’Océan, et qui faisaient trembler le pavillon britannique. Cette apostrophe était plus frappante à la suite d’une guerre malheureuse sur terre et sur mer, au moment d’une paix si déshonorante et si indispensable, dit Voltaire dans son Siècle de Louis XV. Je l’ai déjà remarqué plus haut : la