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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/284

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SUR THOMAS.

tandis que la figure majestueuse du monarque domine toutes les autres pendant trois générations. Un tel spectacle échauffe même les talents les moins heureux. C’est ainsi que la fable a prétendu que la voix des rossignols avait plus de mélodie aux lieux où reposaient les cendres de Linus et d’Orphée, et que, dans cette région poétique, les oiseaux, même dépourvus de toute espèce de chant, trouvaient quelques doux accords.

Plusieurs morceaux de la Pétréíde fourniraient encore plus d’une observation curieuse, si on les comparaît à cette Henriade, dont il est si commun d’abaisser le mérite, et si difficile d’égaler les beautés. Mais il est temps de finir.

Malgré ces remarques, Thomas est peut-être l’écrivain du dix-huitième siècle qui a le plus constamment honoré le titre d’homme de lettres. Sa mémoire obtiendra toujours des hommages. Ce n’est pas le talent qu’on chérit le plus, mais il en est peu qu’on respecte davantage. Il avait dit dans un des ouvrages de sa jeunesse :

Ô vous, Gloire, Vertu, déesses immortelles,
  Que vos brillantes ailes
Sur mes cheveux blanchis se reposent un jour !

Son vœu s’est accompli : la gloire et la vertu défendent aujourd’hui son tombeau contre la satire qui le persécuta pendant sa vie : elles offrent à l’admiration de tous les écrivains, et la plupart de ses écrits et sa conduite tout entière.