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ŒUVRES DE FONTANES.

jourd’hui qu’il dirigera bien l’emploi de sa force, puisqu’il sait où doit s’arrêter sa faiblesse. Le souvenir de ses écarts lui donnera une utile prévoyance, et la crainte de retomber dans ses premiers excès ne le précipitera pas dans des excès contraires.

On ne verra point le silence de la servitude succéder au tumulte de la démocratie. Non, Citoyen Premier Consul, vous ne voulez commander qu’à un peuple libre : il le sait, et c’est pour cela qu’il vous obéira toujours.

Les corps de l’État se balanceront avec sagesse ; ils conserveront tout ce qui peut maintenir la liberté, et rien de ce qui peut la détruire.

Le gouvernement impérial confirmera tous les bienfaits du gouvernement consulaire, et va les accroître encore. Le premier n’aura pas besoin d’employer la même force que le second. La sécurité du pouvoir héréditaire en adoucit tous les mouvements ; il est moins rigoureux, car il a moins d’obstacles à vaincre et moins de dangers à combattre ; plus il se modère, et mieux il se maintient, et, s’il veut trop s’étendre, il se relâche et se détruit.

Ainsi, les prérogatives de l’Empereur, mieux définies, seront plus limitées que celles du Premier Consul. Le danger des factions avait nécessité l’établissement d’une dictature passagère. Ces temps ne sont plus ; la monarchie renaît, la liberté ne peut mourir : la dictature cesse, et l’autorité naturelle commence.