suis sûr qu’ils ne me démentiront point, car l’intérêt de la patrie leur est plus cher que celui de leur propre renommée : les talents militaires pouvaient tout contre les ennemis du dehors, et ne pouvaient rien contre les ennemis du dedans. Invincibles sur la frontière, nos plus vaillants généraux succombaient quelquefois sous l’audace des factions qui déchiraient la France. Ce n’était point assez pour notre salut de ces légions victorieuses qui nous protégeaient contre l’Europe : il était temps qu’on vît paraître un législateur qui nous protégeât contre nous-mêmes. Ce législateur est venu, et nous avons enfin respiré sous son empire. Que d’autres vantent ses hauts faits d’armes, que toutes les voix de la renommée se fatiguent à dénombrer ses conquêtes ! Je ne veux célébrer aujourd’hui que les travaux de sa sagesse. Son plus beau triomphe dans la postérité sera d’avoir défendu contre toutes les révoltes de l’esprit humain le système social prêt à se dissoudre. Il a vaincu les fausses doctrines : elles commencent à s’éloigner devant son génie, et bientôt il achèvera leur défaite entière, en prouvant que la liberté publique n’est bien garantie que par un Monarque, premier sujet de la loi.
Dans le cahos de tant d’opinions, et sous les ruines de tout un Empire, combien il était difficile de retrouver le principe conservateur qui l’anima pendant quatorze siècles ! La première place était vacante, le plus digne a dû la remplir ; en y montant, il n’a détrôné que l’anarchie qui régnait seule dans l’absence de tous les pouvoirs légitimes.