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ŒUVRES DE FONTANES.

cependant il ne désespère jamais du salut de l’État, et, même au milieu de tous les excès, il attend le réveil de tous les sentiments généreux.

Ces sentiments se sont ranimés de toutes parts ; mais leur retour fut préparé par l’homme supérieur qui nous rendit peu à peu toutes nos anciennes habitudes. C’est lui qui, dès les premiers jours de son gouvernement, honora les cendres de Turenne, et fit placer dans son palais les bustes de tous ces héros dont il égale la renommée. Déjà les artistes, animés par sa voix, se préparent à relever sur nos places désertes les statues des plus grands hommes français. Celui qui montra tant de respect pour leur mémoire, a bien mérité que la sienne vive à jamais. Que ses leçons et ses exemples se perpétuent ; que ses successeurs, formés par des frères dignes de lui, obtiennent un jour les mêmes honneurs ! Le souvenir de cette solennité peut former une race de héros. Il nous sera toujours présent, il se confondra pour nous avec celui du jour solennel où l’Empereur ouvrit notre session. Quand son trône s’élevait à cette même place, quand sa grande âme s’exprimait tout entière dans des paroles si dignes de ses actions, rien ne manquait sans doute à notre gloire, mais il manquait quelque chose à notre bonheur. Celle dont la présence embellit toutes les fêtes, n’était point dans cette enceinte. Aujourd’hui nos yeux peuvent la contempler[1]. Les

  1. L’Impératrice et la famille impériale assistaient à l’inauguration de la statue de l’Empereur.