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DISCOURS


PRONONCÉ PAR LE PRÉSIDENT DU CORPS LÉGISLATIF


POUR LA TRANSLATION AUX INVALIDES


DE L’ÉPÉE DE FRÉDÉRIC LE GRAND,


EN PRÉSENCE DU PRINCE ARCHI-CHANCELIER,


Le 17 mai 1807.




Monseigneur,


Jamais une plus noble fête ne fut donnée par la victoire ; et jamais la fortune n’offrit en même temps un plus mémorable exemple de ses catastrophes et de ses jeux. Ô vanité des jugements humains ! ô courtes et fausses prospérités ! Toutes les voix de la renommée célébrèrent cinquante ans la gloire de la monarchie prussienne. On donnait pour modèle à tous les États, et les tactiques de son armée, et les épargnes de son trésor, et les lumières de son gouvernement. Le dix-huitième siècle était fier de compter le plus illustre des rois parmi les élèves de sa philosophie ! Vingt ans se sont écoulés à peine, et, dès le premier choc, ce gouvernement, où l’on trouvait plutôt une armée qu’un peuple, a laissé voir sa faiblesse véritable. Une seule bataillera fait succomber ces phalanges tant de fois victorieuses, qui, dans la guerre de Sept