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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/322

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DISCOURS.

ans, avaient surmonté les efforts de l’Autriche, de la Russie et de la France conjurées. Est-ce donc là ce qu’avaient promis ces talents éprouvés, cette longue expérience des plus vieux généraux de l’Europe, ces camps annuels où toutes les théories militaires étaient développées, ces revues si fameuses, ces manœuvres si savantes, que, d’un bout de l’Europe à l’autre, les capitaines les plus instruits venaient étudier sur les rives de la Sprée ? Ce nouvel art de la guerre, dont on allait chercher à grand bruit tous les secrets à Postdam, vient de céder aux combinaisons d’un art encore plus vaste et plus hardi. Jouissons d’un si grand triomphe, mais l’honorons, après les avoir conquis, ces restes de la grandeur prussienne, où sont encore empreints tant de souvenirs héroïques, et sur lesquels semble gémir l’ombre de Frédéric le Grand.

Lorsque autrefois dans cette Ville maîtresse du monde, un illustre Romain[1] venait suspendre aux murs du Capitole les dépouilles du royaume de Macédoine, il ne put se défendre d’une profonde émotion, en songeant aux exploits d’Alexandre, et en contemplant les calamités répandues sur sa maison. Le héros de la France n’a pas été moins attendri quand il est entré dans ces palais tristes et déserts que remplissait autrefois de tant d’éclat le héros de la Prusse. On l’a vu saisir avec un religieux enthousiasme cette épée dont il fait un si noble don à ses vétérans ; mais il a

  1. Paul-Émile (Voyez Plutarque).