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ŒUVRES DE FONTANES.

d’accuser avec trop d’amertume la mémoire d’un grand monarque dont la postérité vient de subir tant d’infortunes. Son image n’est déjà que trop attristée du spectacle de notre gloire et de ces pompes triomphales que nous formons des débris de son diadème. Mais, s’il ne faut pas se montrer trop sévère envers lui, il faut être juste envers un autre grand homme qui le surpasse : et, quand Frédéric eut l’imprudence de proclamer dans sa cour ces flétrissantes doctrines qui détruisent tôt ou tard l’ordre social, dois-je oublier que Napoléon a remis en honneur ces nobles doctrines qui réparent tous les maux de l’athéisme et de l’anarchie ?

Ainsi, dans cette partie de son histoire comme dans toutes les autres, notre Monarque n’a plus de rivaux ; et, pour ne point sortir de l’art de la guerre dont cette cérémonie auguste rappelle tous les prodiges, combien tout ce qui fut grand disparaît à côté des entreprises extraordinaires dont nous sommes témoins ? On combattait, on négociait jadis pendant des années pour la prise de quelques villes, et maintenant quelques jours décident le sort des royaumes. Quel nom militaire, quel talent politique, quelle gloire ancienne ou moderne ne s’abaisse désormais devant celui qui, des mers de Naples jusqu’aux bords de la Vistule, tient en repos tant de peuples soumis ; qui, campe dans un village sarmate, y reçoit, comme à sa cour, les ambassadeurs d’Ispahan et de Constantinople étonnés de se trouver ensemble ; qui réunit dans le même intérêt les sectateurs d’Omar et d’Ali ;