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DISCOURS.

Mais ces dernières étincelles du génie de Frédéric n’avaient point assez de force et d’activité pour ranimer une monarchie dont la puissance artificielle manquait peut-être de ces institutions politiques et de ces principes conservateurs qui maintiennent les sociétés. Des sages, je ne peux le dissimuler, ont fait quelques reproches à Frédéric. Ils le blâment de n’avoir cherché les appuis de son gouvernement que dans le pouvoir militaire. S’ils admirent en lui l’activité du grand administrateur, les talents du grand capitaine, ils n’ont pas la même estime pour les opinions du philosophe-roi. Ils auraient voulu qu’il connût mieux les droits des peuples et la dignité de l’homme. Aux écrits du philosophe de Sans-Souci, ils opposent avec avantage ce livre où Marc-Aurèle, qui fut aussi guerrier et philosophe, commence par rendre grâces au Ciel de lui avoir donné une mère pieuse et de bons maîtres, qui lui ont inspiré la crainte et l’amour de la Divinité. Au lieu de cette philosophie dédaigneuse et funeste, qui livre au ridicule les traditions les plus respectées, les sages dont je parle aiment à voir régner cette philosophie grave et bienfaisante, qui s’appuie sur la doctrine des âges, qui enfante les beaux sentiments, qui donne un prix aux belles actions, et qui fit plus d’une fois, en montant sur le trône, les délices et l’honneur du genre humain. Ils pensent, en un mot, qu’un roi ne peut impunément professer le mépris de ces maximes salutaires qui garantissent l’autorité des rois.

Je m’arrête : il me siérait mal eu ce moment