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ŒUVRES DE FONTANES.

plus d’attachement, s’il est possible, pour celui qui fait notre repos et notre gloire ! Que ce grand homme qui nous est si nécessaire vive longtemps pour affermir son ouvrage ! Que ses frères, également chéris dans son sénat ou dans ses camps, au milieu de la France, ou sur les trônes étrangers qu’il leur partage ; que des enfants, que des neveux, dignes de lui, transmettent aux nôtres le fruit de ses institutions et le souvenir de ses exemples ! Mais hélas ! quand je forme, bien moins pour lui que pour nous, ces vœux accueillis par tous les cœurs français, un enfant royal vient d’entrer dans la tombe ; et les regrets de son auguste famille se mêlent à nos chants de victoire !

Peut-être, en ce moment, le héros qui nous sauva pleure dans sa tente, à la tête de trois cent mille Français victorieux, et de tant de princes et de rois confédérés qui marchent sous ses enseignes. Il pleure, et ni les trophées accumulés autour de lui, ni l’éclat de vingt sceptres qu’il tient d’un bras si ferme, et que n’a point réunis Charlemagne lui-même, ne peuvent détourner ses pensées du cercueil de cet enfant dont ses mains triomphantes ont aidé les premiers pas, et devaient cultiver un jour l’intelligence prématurée. Ah ! qu’il n’ignore pas au moins que ses malheurs domestiques ont été sentis comme un malheur public, et qu’un si doux témoignage de l’intérêt national lui porte quelques consolations ! Toutes nos alarmes pour l’avenir sont des hommages de plus que nous lui rendons. Puisse surtout la fortune se contenter de cette