Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
327
DISCOURS.

temps ce grand corps a fini sa carrière, et tout a succombé peu à peu avec la colonne qui portait tout, et dans le mausolée de Frédéric s’est enfermé, pour ne plus reparaître, cet esprit, à la fois belliqueux et politique, dont il animait ses soldats, ses généraux, ses ministres, son peuple, et le système entier d’une immense administration. Voilà comme la mort d’un seul homme est la perte de tous !

Au contraire, quel autre spectacle s’offre à nos yeux ? Une grande monarchie avait vu tous les fléaux fondre sur elle, et, n’ayant plus de roi et plus d’autels, plus de guide et plus de sauve-garde, elle tombait de précipice en précipice entre ses anciennes et ses nouvelles constitutions également violées. L’espoir était même perdu, car, malgré dix ans de calamités et de crimes, la patrie était encore livrée aux cruelles expériences de cet orgueil novateur qui, toujours trompé, se croit toujours infaillible, et qui, au risque de perdre toute une nation et lui-même, accumule les fautes et les excès de tout genre, plutôt que de faire l’aveu d’une seule erreur.

Cependant, du fond de l’Égypte, un homme revient seul avec sa fortune et son génie. Il débarque, et tout est changé. Dès que son nom est à la tête des conseils et des armées, cette monarchie couverte de ses ruines en sort plus glorieuse et plus redoutable que jamais. Et voilà comme la vie d’un seul homme est le salut de tous !

Ah ! que ce double tableau, et des destins de la Prusse, et de ceux de la France, nous donne encore