sa nature, et, s’il n’est pas contenu par de sages précautions, il peut dévorer tous les autres, et se dévorer lui-même. La démocratie, en présence de l’autorité, prend volontiers des formes hostiles. Son langage est véhément ; elle met dans ses attaques plus de force que de mesure ; son art même est quelquefois d’exagérer ses plaintes et sa colère ; en un mot, elle est plus amie des passions que du repos ; elle recherche une scène bruyante et des tribuns audacieux. C’est de la région das orages que partent les foudres de l’éloquence populaire. Cette activité de la démocratie, qu’on ne peut méconnaître, a sans doute ses avantages comme ses abus.
Si elle fatigue le gouvernement, elle l’avertit de ses négligences, elle prévient ses usurpations ; mais, si la démocratie doit avoir sa part dans le mécanisme social, cette part doit être justement réglée, et la loi du 5 février l’avait trop étendue. Faut-il des preuves ? elles sont évidentes : j’en appelle à la bonne foi sans insister davantage. Oui, parlons avec franchise, tout, dans cette loi, favorisait le mouvement de la démocratie, et rien n’était combiné pour le soustraire à l’influence des factions. La petite et la moyenne propriété maîtrisaient les collèges électoraux. Les propriétés de ce genre éprouvent des mutations fréquentes, et l’esprit de ceux qui les possèdent doit être, en général, aventureux et mobile comme elles. La haute propriété porte en soi quelque chose de plus fixe ; elle sent mieux le prix de l’ordre qui la protége ; elle est plus en garde contre les secousses qui peuvent la dé-