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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/374

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DISCOURS.

truire ; elle indique surtout aux législateurs les positions sociales où l’on présume que les moyens de s’instruire sont plus nombreux. Ainsi donc, en instituant deux collèges, en accordant un double vote au quart des plus imposés, on détourne les tentatives factieuses, on oppose la permanence à la mobilité, l’esprit de conservation à l’esprit d’envahissement.

Et remarquez bien, Messieurs, que, dans tous les établissements faits en commun, celui qui porte le plus de fonds a le plus de droit à la surveillance. Les garanties qu’on exige dans la moindre association pour l’intérêt de quelques individus, seraient-elles refusées aux grands intérêts de la société tout entière ?

Messieurs, on cite souvent un peuple voisin. Ce droit de voter existe chez lui dans une bien autre latitude. Partout où l’électeur est propriétaire, il use de ce droit librement, soit dans les villes, soit dans les comtés. Chez nous, le plus riche propriétaire ne portera qu’un double suffrage dans l’urne des élections. Ce droit n’est rien dans l’intérêt de l’individu, il est beaucoup dans l’intérêt de la propriété, c’est-à-dire dans celui de l’État dont elle est le fondement.

Plus on y réfléchit, et moins on doit craindre une si juste et si légère influence. Toutes les propriétés sont libres aujourd’hui comme ceux qui les cultivent. Il n’est plus entre elles ni de noblesse, ni de roture. Toutes participent à l’égalité des mêmes lois comme aux faveurs du même ciel et de la même terre. D’ailleurs, celui que la fortune tient encore au second rang des électeurs, conserve l’espérance légitime d’attein-