Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/379

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
376
ŒUVRES DE FONTANES.

d’intérêt et de fortifier ses raisonnements par vos propres émotions. Toutes les fois que dans la Chambre des Pairs on exprime, avec quelque vraisemblance, des inquiétudes pour le trône, on est sûr d’attacher tous les cœurs. Votre commission a rejeté ce moyen d’un effet prompt et communicatif ; elle s’est persuadée qu’on approuverait son silence, et que surtout on entendrait ce qu’elle n’a pas dit.

Heureusement, la discussion a mis au jour tous les vices de la loi du 5 février mieux que je n’aurais osé le faire. Cette loi, nous a-t-on dit, est fidèle à son principe : elle a donné ce qu’on doit attendre d’elle.

La naïveté de cet aveu jette une grande lumière sur la délibération. Il suit de là que, si le principe de cette loi n’était pas changé, il aurait eu son entier développement dans la session de 1821. Je m’arrête ici, Messieurs ; c’est à votre prévoyance à deviner le reste. D’une part, on combat pour des espérances déjà prêtes à se réaliser ; d’une autre part, à l’approche du dernier orage, le gouvernement se réveille et combat pour sa propre existence. C’est là, Messieurs, oui, c’est là qu’est toute la question.

Si je veux en croire quelques orateurs, la magistrature héréditaire dont vous êtes revêtus serait une barrière toute-puissante contre les efforts des factions populaires ; mais, dans un moment de crise, car il faut tout prévoir, si, par hasard, ceux qu’on affecte encore d’appeler les représentants du peuple, persuadaient à ce peuple, en lui restituant le titre de souverain, que de lui seul émanent tous les pouvoirs,