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ŒUVRES DE FONTANES.

tion qui n’était pas dans la loi présentée. D’autres ont été plus hardis : ils ont développé leur théorie avec une assurance qui impose : ils croient à l’infaillibilité de leurs doctrines ; ils veulent faire un parlement septennal comme en Angleterre ; ils placent en quelque sorte le siège et l’action du gouvernement tout entier dans la Chambre élective. Loin de redouter son influence, ils l’agrandissent encore. Mais tout l’art nécessaire en ce moment n’est-il pas de la contenir dans ses limites naturelles ? Quoi qu’il en soit, cette question est prématurée.

J’ai entendu professer dans cette tribune des principes qui m’ont causé bien plus d’étonnement. On nous a parlé de je ne sais quelle opinion qui doit tout soumettre, et les ministres et les rois. On nous a désigné les hommes qu’elle repousse, et ceux qu’elle protége ; et les derniers, comme on peut croire, doivent exclusivement diriger les affaires publiques. Cette opinion est une puissance irrésistible. Il faut que le gouvernement lui cède ou périsse. Elle est, en un mot, l’expression fidèle de la société. Mais est-il bien sûr qu’elle ne soit pas l’expression d’un parti ? Chacun voit la société comme il lui plait, chacun se la peint comme il la désire, chacun lui donne la couleur de ses passions. Les gouvernements doivent sans doute interroger l’opinion de leur siècle, mais pour la conduire avec sagesse, et non pour s’égarer à sa suite. Trop de résistance et trop de mollesse auraient le même danger.

L’esprit de sédition et l’orgueil des fausses doctri-