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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/402

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DISCOURS.

plus directe sur la partie morale et sensible de l’homme. Je ne crains donc point de le dire, et je m’appuie en ce moment sur l’autorité de ces grands hommes qui portèrent une haute philosophie dans la culture des sciences, je ne crains point de le dire : un peuple qui ne serait que savant pourrait demeurer barbare, un peuple de lettrés est nécessairement sociable et poli. Quoi qu’il en soit, tous nos grands écrivains ont commencé par ces études classiques. Ils tenaient, dès leur jeune âge, entre leurs mains, Homère et Virgile, Cicéron et Démosthène. Leur imagination, fécondée par la lecture de ces grands originaux, a transporté dans la langue française des richesses qu’elle ne connaissait pas. C’est par cette raison qu’il s’exhale de leurs écrits je ne sais quel parfum d’antiquité dont la douceur est si pure, et qui semble venir jusqu’à nous des beaux cieux de l’Italie et de la Grèce. Ceux à qui manqua le premier bienfait de cette éducation littéraire n’ont pu même y suppléer par les plus heureux dons de la nature.

Il faut toujours se rappeler l’origine de l’Académie, pour bien connaître sa destination et le choix des éléments qui doivent la composer. Ceux qui savent à fond leur langue, et qui l’écrivent avec pureté, ont à ses yeux des titres incontestables. Elle a droit même de s’associer quelques-uns de ces hommes aimables doués d’un goût naturel, et qui trouvèrent dans leur berceau ces élégantes traditions de l’art de vivre et de l’art de parler, dont les exemples, autrefois si communs, firent longtemps du peuple français le plus sociable