Aller au contenu

Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/401

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
398
ŒUVRES DE FONTANES.

séparables. L’étude approfondie d’une langue, si cette étude cet dirigée par le goût, est une des occupations les plus propres à former le jugement. Et remarquez, Messieurs, le bon sens de nos pères : un instinct sûr leur avait appris cette vérité. La jeunesse élevée dans les anciennes écoles étudiait d’abord les langues classiques, pour mieux apprendre la sienne. Les sciences avaient leur tour ; mais les connaissances littéraires étaient la base de toutes les autres. Elles étaient communes aux Bacon, aux Descartes, aux Leibnitz, aux Galilée, aux Pascal, comme aux Milton, aux Tasse, aux Corneille, et aux Bossuet. Ces savants illustres pensaient comme ceux qui m’environnent. Ils aimaient et cultivaient les lettres ; et, si plusieurs d’entre eux furent surpassés par le progrès naturel des sciences de calcul et d’observation, quelques-uns laissèrent après eux des écrits dont l’éloquence durable ne sera point effacée. Les sciences physiques et mathématiques ont sans doute la plus haute importance. La société s’enrichit tous les jours de leurs travaux. C’est à leur application que l’industrie, le commerce et les arts mécaniques sont redevables de tant de machines ingénieuses ; mais ces arts, comme le dit énergiquement Bacon, sont enracinés dans les besoins de l’homme, et se développent successivement par les efforts de l’intérêt et de la cupidité. L’accroissement des richesses et des commodités de la vie est un grand bienfait, on ne peut le nier ; cependant notre cœur a de plus nobles instincts qu’il faut aussi satisfaire. Les lettres, envisagées dans leurs rapports généraux, ont une influence