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Page:Fontanes - Œuvres, tome 2.djvu/57

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ŒUVRES DE FONTANES.

S’approcher, se toucher sur les mêmes confins ;
Chacun garde son rang, ses traits et son génie :
De l’inégalité naît entre eux l’harmonie.
À la juste distance où le Ciel les a mis,
Tous soumis l’un à l’autre, ils te sont tous soumis ;
Leurs dons sont partagés, ta raison les rassemble.

 Contemple au loin le ciel, l’onde et la terre ensemble ;
Tout s’y meut, tout y vit, et, prompte à s’animer,
La matière en travail se hâte d’y germer.
Autant que peut l’espace autour de toi s’étendre,
Et sur toi remonter, et sous toi redescendre,
Des bouts de la nature embrasse et réunis
Tous les êtres divers, et comme elle infinis ;
Ceux qui volent dans l’air, ceux dont l’onde est peuplée,
Ceux que le verre atteint sur la voûte étoilée,
Et dans l’herbe invisible où s’impriment tes pas,
Ceux que voit ton regard, et ceux qu’il ne voit pas ;
Les esprits fils du ciel, les corps nés de la fange,
La mousse et les soleils, et l’insecte et l’archange,
Vaste chaîne dont l’homme occupe le milieu,
Qui, d’anneaux en anneaux, unit l’atome à Dieu,
Et, toujours descendant et s’élevant sans cesse,
Croît jusqu’à l’infini, jusqu’au néant s’abaisse.
Qu’au rang des esprits plus l’homme veuille arriver,
La brute au rang de l’homme osera s’élever ;
Plus de lois, plus d’accord, le grand tout se divise
Qu’un anneau se détache, et la chaîne se brise.

 S’il est diverses lois pour les globes divers,