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ESSAI SUR L’HOMME.

quelquefois, que Voltaire a fait, en se jouant, tout ce qu’on y remarque d’estimable.

Seul dévore l’essaim des serpents de Memphis.


La passion dominante, comparée au serpent d’Aaron, offre, au premier coup d’œil, une image un peu bizarre ; mais cette image a de l’éclat et de l’énergie.

Cédons à la nature ! elle seule est certaine, etc.


Il ne faut pas croire que Pope se contredise, parce qu’il vient de peindre plus haut les dangers de la passion dominante. Cette passion est tour à tour utile ou funeste ; elle produit les vertus ou les vices : la raison doit l’éclairer, mais non pas la détruire.

Vois ce dur sauvageon, surpris d’être dompté, etc.


Que cette figure juste et naturelle jette un éclat heureux sur la profondeur des idées ! L’imagination du poëte se réveille avec art d’intervalle en intervalle, pour ranimer l’attention du lecteur, que pourrait un peu fatiguer la marche du philosophe.

La même ambition fonde ou perd les États, etc.


Voltaire, en développant ces idées, les a fort embellies. C’est ainsi qu’il fait parler Cicéron dans Rome sauvée :

Apprends à distinguer l’ambitieux du traître.
S’il n’est pas vertueux, ma voix le force à l’être.