Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/4

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car il ne contient de corps solides que le soleil, qui ne l’est peut-être pas entièrement, six planètes principales et dix subalternes ; et tout cela ensemble, comparé à la masse d’un globe qui a pour rayon trois cent millions de lieues (3), se trouvera n’être qu’un atome : et que sera-ce si le tourbillon s’étend au-delà de Saturne.

7.Je ne suppose aucune attraction, mais seulement les lois du mouvement reconnues par tous les philosophes, non que la matière une fois créée, et ayant reçu du Créateur une première impression de mouvement dans toutes ses parties, je croie qu’elle pût en un temps quelconque, et même infini, se mettre, en vertu des seules lois du mouvement, dans l’état où nous voyons aujourd’hui l’univers : cela n’est non plus concevable qu’il le serait que toutes les parties d’une pendule, détachées les unes des autres, et les parties de ces parties, à force d’être agitées toutes ensemble, vinssent enfin à s’arranger de manière qu’elles formassent une pendule régulière. Il faut que la main de l’horloger s’applique à l’ouvrage, et que cette main soit conduite avec beaucoup d’intelligence. Il ne fera rien que selon les lois du mouvement : mais ces lois seules n’eussent pas fait par elles-mêmes ce qu’il fera. L’application de ceci à l’univers et à son auteur se présentera bien aisément.

On a dit que le nombre des arrangemens que peut prendre la matière simplement agitée pendant un temps infini, étant infini, l’arrangement qu’elle prendra, avec le concours d’une intelligence, y est nécessairement compris. Mais je réponds que ces deux espèces d’arrangemens, l’un sans le concours d’une intelligence, l’autre avec ce concours, sont deux infinis différens, comme la suite infinie des nombres pairs et