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noble à des avances si flatteuses dut le faire regretter davantage par le Landgrave.

Il alla à la cour d’Hanovre, où Leibnitz, ami né de tous les savans, le présenta à l’électeur, aujourd’hui roi d’Angleterre, et à la princesse électorale, si célèbre par son goût et par ses lumières. Il reçut un accueil très favorable ; la renommée de Leibnitz rendait témoignage à son mérite.

L’électeur Palatin ayant entendu parler avec admiration du miroir ardent de Tschirnhaus, demanda à Hartsoëker s’il en pourrait faire un pareil. Celui-ci aussitôt en fit jeter trois dans la verrerie de Neubourg, de la plus belle matière qu’il fût possible. Il les eut bientôt mis dans leur perfection, et l’électeur lui en donna le plus grand, qui a trois pieds cinq pouces rhinlandiques de diamètre, et que deux hommes ont de la peine à transporter. Il est de neuf pieds de foyer, et ce foyer est parfaitement rond, et de la grandeur d’un louis d’or. Le miroir du Palais-Royal n’est pas si grand.

En 1710, il publia un volume intitulé : Éclaircissemens sur les conjectures physiques. Ce sont des réponses à des objections, dont il a dit depuis que la plupart étaient de Leibnitz. Dans cet ouvrage, il devient un homme presque entièrement différent de ce qu’il avait été jusqu’alors. Il n’avait jamais attaqué personne ; ici il est un censeur très sévère ; et c’est principalement sur les volumes donnés tous les ans par l’académie, que tombe sa censure. Il est vrai qu’il a souvent déclaré qu’il ne critiquait que ce qu’il estimait, et qu’il se tiendrait honoré de la même marque d’estime. L’académie qui ne se croit nullement irrépréhensible, ne fut point offensée : elle le traita toujours comme un de ses mem-