Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome II, 1825.djvu/154

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bres, sujet seulement à quelque mauvaise humeur ; et les particuliers attaqués ne voulurent point interrompre le cours de leurs occupations, pour travailler à des réponses qui le plus souvent sont négligées du public, et tout au plus soulagent un peu la vanité des auteurs.

Les Éclaircissemens sur les conjectures physiques eurent une suite assez ample, qui parut en 1712. L’auteur y étend beaucoup plus loin qu’il n’avait encore fait, le système des âmes plastiques. Dans l’homme, l’âme raisonnable donne les ordres ; et une âme végétative, qui est la plastique, intelligente et plus intelligente que la raisonnable même, exécute dans l’instant ; et non-seulement exécute les mouvemens volontaires, mais prend soin de toute l’économie animale, de la circulation des liqueurs, de la nutrition, de l’accrétion, etc. : opérations trop difficiles pour n’être l’effet que du seul mécanisme. Mais, dit-on aussitôt, cette âme raisonnable, cette âme végétative, c’est nous-mêmes : et comment faisons-nous tout cela sans en savoir rien ? Hartsoëker répond par une comparaison qui du moins est assez ingénieuse : un sourd est seul dans une chambre, et il y a dans des chambres voisines des gens destinés à le servir. On lui a fait comprendre que quand il voudrait manger, il n’avait qu’à frapper avec un bâton ; il frappe, et aussitôt des gens viennent qui apportent des plats. Comment peut-il concevoir que ce bruit qu’il n’a pas entendu, et dont il n’a pas l’idée, les a fait venir ?

Après cela on s’attend assez à une âme végétative intelligente dans les bêtes, qui en paraissent effectivement assez dignes. On ne sera pas même trop surpris qu’il y en ait une dans les plantes, elle réparera,