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lui racontaient sans cesse la gloire de leur créateur ; les animaux la racontaient aussi à Mery. L’astronomie, l’anatomie sont en effet les deux sciences où sont le plus sensiblement marqués les caractères du souverain être : l’une annonce son immensité par celle des espaces célestes, l’autre son intelligence infinie par la mécanique des animaux. On peut même croire que l’anatomie a quelque avantage ; l’intelligence prouve encore plus que l’immensité.



ÉLOGE
DE VARIGNON.


Pierre Varignon naquit à Caen en 1654, d’un architecte entrepreneur, dont la fortune était fort médiocre. Il avait deux frères, qui suivirent la profession du père, et il étudia pour être ecclésiastique.

Au milieu de cette éducation commune qu’on donne aux jeunes gens dans les collèges, tout ce qui peut les occuper un jour plus particulièrement vient par différens hasards se présenter à leurs yeux, et s’ils ont quelque inclination naturelle bien déterminée, elle ne manque pas de saisir son objet dès qu’elle le rencontre. Comme les architectes, et quelquefois les simples maçons savent faire des cadrans, Varignon en vit tracer de bonne heure, et ne le vit pas indifféremment. Il en apprit la pratique la plus grossière, qui était tout ce qu’il pouvait apprendre de ses maîtres ; mais il soupçonnait que tout cela dépendait de quelque théorie gé-