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PRÉFACE.

l’Évangile, se désabusèrent ; ce qui suppose encore des fourberies humaines, et ne s’est pu faire si promptement. Cependant, il me paraît qu’une question décidée en si peu de paroles peut être traitée de nouveau dans toute son étendue naturelle, sans que le public ait droit de se plaindre de la répétition ; c’est lui remettre en grand ce qu’il n’a vu qu’en petit, et tellement en petit, que les objets en étaient quasi imperceptibles.

Je ne sais s’il m’est permis d’alonger encore ma préface par une petite observation sur le style dont je me suis servi. Il n’est que de conversation ; je me suis imaginé que j’entretenais mon lecteur. J’ai pris cette idée d’autant plus aisément, qu’il fallait, en quelque sorte, disputer contre lui ; et les matières que j’avais en main étant le plus souvent assez susceptibles de ridicule, m’ont invité à une manière d’écrire fort éloignée du sublime. Il me semble qu’il ne faudrait donner dans le sublime qu’à son corps défendant ; il est si peu naturel ! J’avoue que le style bas est encore quelque chose de pis : mais il y a un milieu, et même plusieurs ; c’est ce qui fait l’embarras : on a bien de la peine à prendre juste le ton que l’on veut, et à n’en point sortir.


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