Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/264

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forcé par une lumière céleste. Jupiter a été, il est, et il sera. Ô grand Jupiter ! hélas ! mes fameux oracles ne sont plus.

2. La voix ne peut revenir à la prêtresse : elle est déjà condamnée au silence depuis longtemps. Faites toujours à Apollon des sacrifices dignes d’un Dieu.

3. Malheureux prêtre, disait Apollon à son prêtre, ne m’interroge plus sur le divin Père, ni sur son Fils unique, ni sur l’Esprit qui est l’âme de toutes choses. C’est cet Esprit qui me chasse à jamais de ces lieux.

Auguste, déjà vieux, et songeant à se choisir un successeur, alla consulter l’oracle de Delphes. L’oracle ne répondait point, quoique Auguste n’épargnât pas les sacrifices. À la fin cependant il en tira cette réponse : « L’enfant hébreu, à qui tous les dieux obéissent, me chasse d’ici, et me renvoie dans les enfers. Sors de ce temple sans parler. »

Il est aisé de voir que sur de pareilles histoires, on n’a pas pu douter que les démons ne se mêlassent des oracles. Ce grand Pan qui meurt sous Tibère, aussi bien que Jésus-Christ est le maître des démons, dont l’empire est ruiné par cette mort d’un Dieu si salutaire à l’univers ; ou si cette explication ne vous plaît pas, car enfin on peut, sans impiété, donner des sens contraires à une même chose, quoiqu’elle regarde la religion, ce grand Pan est Jésus-Christ lui-même, dont la mort cause une douleur et une consternation générales parmi les démons, qui ne peuvent plus exercer leur tyrannie sur les hommes. C’est ainsi qu’on a trouvé moyen de donner à ce grand Pan deux faces bien différentes.