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Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/274

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de ses voyages ? Et n’est-il pas beau de voir un philosophe comme Plutarque nous conter froidement ces merveilles ? Ce n’est pas sans raison qu’on a nommé Hérodote le père de l’histoire. Toutes les histoires grecques, qui, à ce compte-là sont ses filles, tiennent beaucoup de son génie ; elles ont peu de vérité, mais beaucoup de merveilleux et de choses amusantes. Quoi qu’il en soit, l’histoire de Thamus serait presque suffisamment réfutée, quand elle n’aurait point d’autre défaut que celui de se trouver dans un même traité avec les démons de Démétrius.

Mais, de plus, elle ne peut recevoir un sens raisonnable. Si ce grand Pan était un démon, les démons ne pouvaient-ils se faire savoir sa mort les uns aux autres sans y employer Thamus ? N’ont-ils point d’autres voies pour s’envoyer des nouvelles, et d’ailleurs sont-ils si imprudents que de révéler aux hommes leurs malheurs et la faiblesse de leur nature ? Dieu les y forçait, direz-vous. Dieu avait donc un dessein ; mais voyons ce qui s’ensuivit. Il n’y eut personne qui se désabusât du paganisme pour avoir appris la mort du grand Pan. Il fut arrêté que c’était le fils de Mercure et de Pénélope, et non pas celui que l’on reconnaissait en Arcadie pour le Dieu de tout, ainsi que son nom le porte. Quoique la voix eût nommé le grand Pan, cela s’entendit pourtant du petit Pan ; sa mort ne tira guère à conséquence, et il ne paraît pas qu’on y ait eu grand regret.

Si ce grand Pan était Jésus-Christ, les démons n’annoncèrent aux hommes une mort si salutaire que parce que Dieu les y contraignait. Mais qu’en arriva-t-il ? Quelqu’un entendit-il ce mot de Pan dans son vrai sens ? Plutarque vivait dans le second siècle de l’Église, et cependant