Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/300

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point eu d’égard suffisent-ils pour les discréditer entièrement ? À l’autorité de ceux qui n’y croyaient pas, il ne faut qu’opposer l’autorité de ceux qui y croyaient.

Ces deux autorités ne sont pas égales. Le témoignage de ceux qui croient une chose déjà établie n’a point de force pour l’appuyer, mais le témoignage de ceux qui ne la croient pas a de la force pour la détruire. Ceux qui croient peuvent n’être pas instruits des raisons de ne point croire ; mais il ne se peut guère que ceux qui ne croient point ne soient point instruits des raisons de croire.

C’est tout le contraire quand la chose s’établit : le témoignage de ceux qui la croient est de soi-même plus fort que celui de ceux qui ne la croient point, car naturellement ceux qui la croient doivent l’avoir examinée et ceux qui ne la croient point peuvent ne l’avoir pas fait.

Je ne veux pas dire que, dans l’un ni dans l’autre cas, l’autorité de ceux qui croient ou ne croient point soit de décision ; je veux dire seulement que, si on n’a point d’égard aux raisons sur lesquelles les deux partis se fondent, l’autorité des uns est tantôt plus recevable, tantôt celle des autres. Cela vient en général de ce que, pour quitter une opinion commune ou pour en recevoir une nouvelle, il faut faire quelque usage de sa raison, bon ou mauvais ; mais il n’est point besoin d’en faire aucun pour rejeter une opinion nouvelle ou pour en prendre une qui est commune. Il faut des forces pour résister au torrent, mais il n’en faut point pour le suivre.

Et il n’importe, sur le fait des oracles, que parmi ceux qui y croyaient quelque chose de divin et de surnaturel